
samedi 31 mars 2007
SUR LES RIVES D'UN LONG FLEUVE TRANQUILLE...

LES LIAISONS DE COMMUNICATION ENTRE STRASBOURG ET KEHL
Deux espaces encore mal reliés….
Strasbourg et Kehl ne sont pas géographiquement très intégrées car elles ont grandi, de part leurs histoires respectives, en se tournant le dos. Tandis que Kehl vit sur le Rhin , Strasbourg a été fondée sur l’Ill, un affluent du Rhin, par conséquent elle ne se développe pas en direction de la frontière.
Pendant très longtemps, seulement deux ponts les relient : un ferroviaire et l’autre routier ;
Ø le Pont de l’Europe ; principale et unique liaison routière entre ces deux villes puisque chaque jour plus de 30 000 véhicules l’empruntent dans les deux sens.
Ø le Pont ferroviaire sur le Rhin entre Strasbourg et Kehl. Le pont actuel est à simple voie, ce qui limite sa capacité. Aujourd’hui une trentaine de trains circulent quotidiennement mais leur vitesse est limitée à 60 km/h.
… mais avec de nombreux projets collectifs.
Depuis l’application des accords de Schengen, Strasbourg et Kehl se sont fortement rapprochées, de nouveaux projets d’agglomération à long terme ont émergé de cet espace transfrontaliers, notamment des infrastructures de transports ;
- la mise en place d’un pont reliant les deux rives consacré qu’aux piétons et aux deux roues dans le sens d’une ouverture partenariale au monde associatif et aux citoyens des deux côtés.
- projet de relier ces deux villes par le tramway d’ici la fin 2008, même s’il fait l’objet de nombreuses controverses.
Où les gens vont-ils travailler et pourquoi ?

Chaque jour de nombreux français franchissent le Rhin pour aller travailler. A l’inverse peu d’allemands sont attirés par Strasbourg, pourquoi ? Bien que ses secteurs artisanaux et touristiques soient mis à mal, Strasbourg possède tout d’abord une forte industrie (13,8% de ces emplois) avec notamment l’implantation de grandes multinationales pourvoyeuses d’emplois qualifiés, en particulier dans le secteur automobile (par exemple : General Motors compte 14 000 employés) et le rôle important que joue son Port autonome avec 350 entreprises qui n’emploient pas moins de 13 000salariés dans les domaines de l’automobile, la transformation du bois, la logistique, etc. . De plus, comme Strasbourg est la plus grande ville aux alentours et, la mieux desservie (Rhin, rail, autoroute), elle draine l’essentiel du commerce de biens, et cela des deux côtés du Rhin.
Mais Strasbourg connaît surtout une forte tertiarisation grâce à ses fonctions administratives européennes, témoin l’extension du Conseil de l’Europe (photo en haut à gauche) dans le quartier Wacken (quartier des institutions européennes).
Cependant, son rang de métropole européenne ne suffit pas à lui garantir une attractivité totale puisqu’ elle atteint tout de même un taux de chômage de 9,7% (donnée en 2005).
Où faire son « marché » ?



Strasbourg-Kehl où habiter ?

Strasbourg attire c’est une évidence ! Caractérisée par une concentration accrue des fonctions de commandement, des activités tertiaires et stratégiques ainsi que des emplois les plus qualifiés cette métropole européenne est devenu au fils du temps une véritable métropole européenne. Mais, comme toutes les villes de son rang, son centre s’est vite trouvé engorgé et ses périphéries étendues à perte de vue ; c’est ce que l’on peut voir sur le schéma. Des politiques d’aménagement ont permis la réhabilitation du centre mais comme cet espace central est très convoité les prix immobiliers sont montés en flèche. Alors que faire ? Attirés par l’activité économique certains travailleurs allemands ont choisi de s’installer à Strasbourg mais plus nombreux sont les français qui partent vivre en Allemagne. En effet, on estime que plus d’un millier de français vivent à Kehl. Bien sur la raison financière est essentielle, le prix du mètre carré dépasse les 3 000€ dans certains quartiers de Strasbourg, contre 1 800 € en moyenne à Kehl et ses environs (une tendance qui se vérifie également pour les locations), mais, non exclusive. Un agent immobilier de Kehl évoque aussi d’autres arguments : « Les Français apprécient la qualité de vie qu’ils trouvent ici. Ils peuvent habiter au calme et dans la verdure tout en étant à proximité de la France. » Pour trouver ce même cadre de vie, il faudrait déjà s’éloigner beaucoup de Strasbourg. Mais tout n’est pas si rose ce qui explique sûrement que tous les français ne s’expatrient pas à Kehl. Effectivement, les avantages à habiter en Allemagne (absence de taxe d’habitation et prix immobilier environ 40% moins élevé) sont à mettre en parallèle avec les inconvénients : impôts sur le revenu très élevé surtout pour les personnes seules sans enfant (car selon la convention du 21juillet 1959, on paye ses impôts dans le pays où l’on réside), taxe sur le véhicule, perte d’allocations familiales…. Et puis, n’oublions pas que la langue est un frein autant pour les allemands que les français qui se découragent vite face aux nombreuses formalités administratives.
C’est sans doute, en partie, pour toutes ces raisons que Strasbourg et Kehl se sont développées d’une manière très disproportionnée, comme le confirme le croquis.De quel côté de la frontière sommes-nous?

La répartition des habitants de Kehl se fait entre une ville centre située au bord du Rhin et des villages. Son centre ville est délimité par l’extension historique du noyau urbain initial. Kehl est une ville plus petite que Strasbourg puisque qu’elle compte 35000 habitants alors que Strasbourg en possède 450000. Strasbourg est un centre de gravité pour les habitants de Kehl. Malgré son infériorité en terme de population, la ville de Kehl est très appréciée notamment pour ces nombreux espaces verts. C’est une ville moins urbanisée donc qui attirent pas mal de population pour son côté plus calme.
UNE SEULE REGION, MAIS DEUX LANGUES.
La France aussi bien que l’Allemagne ont une envie de se communiquer leur langue respective.
Des conventions ont été signés entre l’Etat et les collectivités portant sur la politique régionale des langues vivantes dans le système éducatif en Alsace illustre la volonté partagée de faire de l’allemand le socle sur lequel s’appuie l’apprentissage des autres langues. Des parcours diversifiés en langues sont ainsi offerts aux élèves : le parcours bilangue.
Un enseignement bilingue paritaire français-allemand
Plus de 13000 élèves suivent actuellement une scolarité bilingue paritaire français-allemand en Alsace (7000 dans le Bas-Rhin, 6000 dans le Haut-Rhin). Les premières classes ont été ouvertes en 1991.
L'enseignement bilingue est qualifié de paritaire car de la maternelle au bac les élèves suivent une scolarité à parité horaire en français et en allemand (13 heures/13 heures). L'allemand est donc à la fois une langue enseignée et une langue d'enseignement. Les principes de cet enseignement sont la précocité et la parité. A la rentrée 2005/2006, on dénombre en Alsace 525 classes bilingues dans le premier degré (maternelle et primaire), soit près de 11700 élèves. Un peu plus de 1400 élèves suivent ce cursus bilingue dans 33 collèges de la région.
L’apprentissage de la langue du pays voisin
L'Allemagne et la France entendent encourager la langue du partenaire dans leur propre pays. Sous la devise "On a tout à faire ensemble", le Goethe-Institut a lancé dès 2004 en France une campagne publicitaire pour la langue allemande. La mise en œuvre du document stratégique commun présenté à l’occasion du Conseil des ministres franco-allemand du 26 octobre 2004 commence à porter ses fruits. En France, on a pu observer une augmentation de l’intérêt pour la langue allemande dans le choix des langues étrangères. Le nombre d’étudiants en français augmente également en Allemagne.
En réalité, environ un tiers des habitants de Strasbourg comprend le dialecte alémanique badois et même un grand nombre d'entre eux parle allemand.
EURODISTRICT
- le côté allemand retient d’abord comme périmètre de référence le territoire de la circonscription d’Ortenau (l’Ortenau est un arrondissement)
- le côté français retient d’abord le territoire de la Communauté Urbaine de Strasbourg(CUS)
L’Eurodistrict comprendra donc environ 860 000 habitants au total sur un rayon de 30 km.
Ainsi, il s'agit de faire en sorte que la frontière Franco-allemande s'estompe pour laisser place à une interface d'échange entre les deux pays. Preuve visible de ce changement la construction d'une passerelle au dessus du Rhin, frontière naturelle entre les deux Etats, ainsi que l'aménagement d'un jardin : le jardin des deux rives. Ainsi, l'Eurodistrict a son propre mode de fonctionnement. Tout d'abord, ce dernier fonctionne à l'aide d'un conseil : le conseil de l'Eurodistrict composé de 14 membres, maires des villes Allemande de l’Ortenau ou présidents et conseillés de l'agglomération de Strasbourg, lui même sous la coupe d'un conseil de suivi de 14 membres aussi et qui vise à obtenir le soutient des deux Etats pour les projets proposés. En suite viennent des experts qui déterminent les projets prioritaires. Ce nouveau pôle a pour objectif, "d'amorcer le développement durable d’une véritable métropole européenne de près d’un million d’habitants, qui soit reconnue comme un espace de vie et d’activités d’un caractère tout à fait novateur",(citation tirée du site http://www.eurodistrict.eu/). Pour cela, il s'agit de lancer et soutenir des projets communs (25 au total) ainsi que définir des orientations communes dans certains domaines :
- Environnement
- Déplacement et équipements Economie
- Coopération entre les administrations publiques
- Education et bilinguisme
- Santé publique
- Emploi
- Enseignement supérieur et Recherche
- Sécurité publique et justice
- Services postaux et télécommunications
- Media
Projets fares et prioritaires : les transports et la santé. En effet, beaucoup d'habitants passent la frontière pour aller travailler ou faire des courses. Il est donc nécessaire d'harmoniser les transports en communs (notamment le train) et les services de santé.
Cependant, Strasbourg a beau être un lieu propice à ce projet de par sa place dans tout le concept de l'Europe, avec son conseil Européen, il n'en est pas forcément de même pour la population des deux pays dont les mentalités et modes de vie peuvent différer. La mise en place de nouvelles infrastructures, car il s'agit bien ici de faire en sorte de créer un nouvel espace, n'est pas forcément le plus compliqué à mettre en oeurvre. Le plus difficile est de faire" intégré le transfrontalier dans tous les raisonnements"(citation de Colette Koenig une des rédactrices du Livre Blanc).
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages et revues :
Christophe Sohn, Revue géographique de l'Est, tome XLIV 3-4, 2004
Laurence Bertrand : le grand Est : l'intégration transfrontalière, une nouvelle voie?Revue géographique de l'Est, tome XLIV 3-4, 2004
Jean Claude Boyer, Laurent Carroué, Jacques Gras, La France : les 26 régions, Paris : A. Colin , 2005, 365p
Dictionnaires :
Lévy (J), Lussault (M), dir., Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés, Paris : Belin, 2003, 384p
Sites internet :
www.espaces-transfrontaliers.org
www.eurodistrict.eu/fr
www.wikipédia.fr
www.euroinfo-kehl.com
http://www.ecml.at/documents/pub116F2003Dagalian.pdf
http://thema.univ-fcomte.fr/IMG/pdf/II-3.7-Strasbourg-Kehl.pdf
http://mcsinfo.u-strasbg.fr